Mali : rapprocher les services de dépistage du cancer des femmes pour sauver des vies
Bamako – Le cancer du sein et celui du col de l'utérus sont parmi les formes de cancer les plus courantes chez les femmes au Mali. Selon le registre des cancers de 2020, le cancer du sein est le premier cancer féminin avec un taux de 28,8 % de tous les cancers enregistrés suivi du cancer du col de l’utérus, 25,1 %.
Des statistiques similaires ont amené les autorités maliennes depuis deux décennies à prioriser les dépistages précoces dans les centres de santé. « Le cancer du sein est aussi devenu une priorité donc nous associons les deux dans notre stratégie de prévention », a indiqué le Prof Bakarou Kamaté, anatomo pathologiste au CHU (centre hospitalo-universitaire) du Point G à Bamako. « Notre objectif est de diminuer la morbidité et la mortalité liées à ces deux cancers qui touchent principalement les femmes. »
Pour renforcer le dépistage précoce dans les localités rurales, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a soutenu en 2023 l’organisation de campagnes de dépistage dans trois districts sanitaires notamment Kati, Sélingué et Ouélésébougou. Dans le cadre de ces campagnes de dépistage, les relais communautaires et les sage-femmes ont joué un rôle important pour susciter l’engouement auprès des femmes.
Au total, 450 femmes ont été dépistées des cancers du col de l’utérus et du sein, grâce à la palpation mammaire, l’inspection visuelle du col de l’utérus à l’acide acétique et le frottis. A l’issue du dépistage, 6 cas confirmés de cancer de sein et 7 autres anomalies du sein ont été notifiés. 21 femmes ont été dépistées positives au test du virus du papillome humain (VPH) dont 7 cas de cancer du col de l’utérus.
Adam, commerçante et mère de trois enfants, fait partie des femmes dépistées positive au VPH. « Je ne m’attendais pas à un résultat positif. Quand on m’a annoncé les résultats, j’étais déçue, découragée, effondrée et sans espoir », se souvient Adam. « Les médecins m’ont rassurée qu’à l’étape où les lésions ont été détectées, je peux être sûre d’être guérie. »
Pour un accompagnement personnalisé des femmes dépistées positives, 25 travailleurs de santé, essentiellement des sage-femmes, ont été formés avec l’appui de l’OMS. « La formation était très intéressante car l’approche nous a permis de mieux cerner ces deux cancers et maîtriser la tactique d’approche », a expliqué Hadizatou Ba, sage-femme au centre de santé de Ouélésébougou.
Le dépistage précoce du cancer joue un rôle majeur dans la lutte contre le cancer. Grâce à des campagnes de sensibilisation et à une meilleure accessibilité aux services de dépistage, de plus en plus de femmes parviennent à détecter la maladie à un stade précoce, ce qui augmente considérablement leurs chances de guérison.
« Ces deux cancers constituent un problème de santé publique et on peut les maitriser grâce à cette prévention secondaire qui est le dépistage », déclare le Dr Christian M. Itama, le chargé du bureau de l’OMS au Mali. « Nous soutenons le Mali à travers diverses activités, notamment l’élaboration et la mise en œuvre du plan national de lutte contre le cancer, la formation des professionnels de santé sur le dépistage et la dotation permanente en intrants pour le dépistage. »
Il est important de souligner que le dépistage précoce du cancer permet de réduire le coût et la complexité des traitements et de sauver des vies. En détectant la maladie très tôt, les patients ont accès à des traitements moins invasifs et de meilleures perspectives de rétablissement.
Les femmes dépistées positives sont prises en charge par les spécialistes à Bamako. « Je remercie les organisateurs de m’avoir aidée à découvrir que j’étais malade. Franchement, je ne me serais pas fait dépister s’il n’y avait pas eu cette campagne, à cause de la méconnaissance et de l’ignorance », reconnait Adam. « Je suis mon traitement et je me sens confiante pour l’avenir. »
Le dépistage précoce des lésions cancéreuses représente un enjeu majeur pour la santé publique au Mali. En continuant à promouvoir la prévention, l'accès aux soins et la sensibilisation, le pays pourra certainement renverser la tendance et sauver plus de vies.